GERMANIA INFERIOR : GERMANIE-INFÉRIEURE

Germanie-Inférieure (carte)

Aperçu

La Germanie-Inférieure est un lieu de rencontres. Son artère vital est le Rhin, fleuve qui facilite les échanges et les commerces entre la Grande-Bretagne et la Germanie-Supérieure. Ici se trouvent des peuples de langues germanique, celtique et ... inconnue (une troisième souche linguistique « belge » ne semble appartenir à aucun autre groupeEdith Mary Wightman (1970), Roman Trier and the Treveri, Rupert Hart-Davis, p. 51.). De puissants établissements de l’armée romaine laissent de fortes traces d’une romanisation durable, comme à Cologne, cependant que la peuplade des Bataves constitue une puissance autonome qui arrive même à renverser le pouvoir romain pendant un temps.Il s’agit de la révolte de Julius Civilis (an 70 de notre ère). P. Cornelivs Tacitvs, Historiae iv.12–37, 54–80. La Germanie-Inférieure est donc à la fois plus romanisée que les provinces de la Gaule chevelue, et plus provinciale dans son adhérence à des traditions apparemment non ou pré-celtiques.

Le cœur de la province, c’est Cologne — c’est-à-dire Colonia Claudia Ara Agrippinensium, ville principale des Ubiens (Vbii). Au début, les Romains songeaient à fonder un empire germanique ancré sur Cologne qui allait s’étendre jusqu’à l’Elbe. Le désastre de Teutobourg, où les Germains sous Arminius ont détruit les trois légions romaines de Varus (an 9 de notre ère), a mis un terme à ces ambitions territoriales ; la Germanie-Inférieure se limite dorénavant à la rive gauche du Rhin. Au lieu de devenir le centre d’un grand ensemble territorial, Cologne reste une ville frontalière aux aguets contre les raids germaniques. Des unités militaires s’installent en d’autres lieux près de Cologne, notamment Xanten (Vetera/Colonia Vlpia Traiana), Bonn (Bonna) et Neuss (Nouaesium). Les Ubiens seraient fiers d’avoir être rebaptisé « Agrippinenses » d’après Agrippine la jeune,P. Cornelivs Tacitvs, op. cit. iv.28. femme du divin Claude, qui naquit à Cologne pendant une campagne militaire de son père Germanicus.

Outre les Ubiens, la province comprenait l’ancien territoire des Éburons, victimes de nettoyage ethnique sous Jules César. Se succédèrent sur le territoire des Éburons la nation des Tongres (Tungri), qui descendait en partie des Éburons et dont le chef-lieu était justement la ville de Tongres. La cité des Tongres allait évoluer en la diocèse catholique de Liège ; son territoire s’étendait sur Maastricht (Traiectum ad Mosam), Aix-la-Chappelle (Aquae Granni), Namur, Colijnsplaat (Ganuenta), etc.

D’autres peuplades présentent des cas à part. Jusqu’en l’an 69 de notre ère, les Bataves (Batauii) sont alliés de Rome ; ils leur fournissent des auxiliaires sans devoir leur payer de tribut. Des forteresses s’érigent à Nimègue et à Utrecht. Plus au nord, les Frisiavones — qui habitaient approximativement les provinces actuelle de Hollande et de Frise — ont des relations plus floues avec Rome.

Divinités de Germanie-Inférieure

Et les Ubiens et les Tongres aurait émigré de l’autre côté du Rhin après le débâcle de Teutobourg. Ils présentent des caractéristiques religieux assez distincts de leurs voisins. À Cologne, les divinités préférées sont les Matrones, auxquelles on donne souvent des épithètes exotiques comme Fahineihae, Alaferhuae, Vallabneihiae ou Vacallinehae qui ne sont pas évidemment gaulois. Elles sont représentées le plus souvent en divinités assises aux symboles de la fertilité (fruits, pains, cornes d’abondance, branches, oiseaux). Les Matrones de Germanie-Inférieure se distinguent par leurs coiffures élaborées (s’il ne s’agit pas de bonnets) et leur association assez fréquente avec les Victoires et parfois la Fortune. Miranda Green remarque que la matrone au centre est normalement jeune tandis que celles de droite et de gauche sont plus âgées.Miranda Green (1992), Symbol & image in Celtic religious art, Routledge, pp. 194–198.

Une autre déesse très typique de la région (plus spécifiquement du site de Colijnsplaat) est Nehalennia, que l’on invoque souvent pour un passage réussi à travers la Mer du nord. Elle est représenté sur un trône, à la coiffe très stylisée, avec un chien, un panier aux fruits et une corne d’abondance.Green (1992), op. cit., pp. 10–16. À la contraire des Matrones, l’image de Nehalennia n’est jamais doublée ou triplée sur un seul monument.

Comme dans les autres régions fréquentées par les légions, on trouve bien des dédicaces à Jupiter Optimus Maximus et à Junon la Reine, les divinités célestes qui protègent l’État et la civilisation romains. Souvent les dédicaces de ce genre comprennent d’autres divinités, comme la Fortune ou Minerve (la partenaire de Jupiter et de Junon dans la Triade Capitoline), les génies du lieu et/ou de l’unité militaire, et enfin une formule englobant « tous les autres dieux et déesses immortels ». Un autre dieu favori est Hercule Magusanus,Cf. Corpus Inscriptionum Latinarum (CIL) xiii: 8771, 8777, 10027. lequel deviendra le dieu patron du divin Postume au IIIe siècle de notre ère.J. F. Drinkwater (1987), The Gallic Empire.

L’expression religieuse de l’armée romaine se distingue aussi par son cosmopolitanisme. Ici comme ailleurs, on trouve bien de dédicaces aussi à Mithras, à Isis ou à Jupiter Dolichénien, divinités dites « orientales ».

Il reste pourtant d’importantes traces de la religion celtique. Par exemple, les thermes d’Aquae Granni, chez les Ubiens, devaient être un centre de culte de Grannus avant de devenir Aix-la-Chapelle. On compte de nombreuses inscriptions en l’honneur de Mercure, doté à Bonn de l’épithète local Gebrinius, et ailleurs de Cissonius ou d’Arverne (Aruernus, allusion probable au culte de Mercure au puy de Dôme).

Mare Germanicum
Batauii
Germania Libera
Belgica II← Germania Inferior → Germania Libera

Senonia

Belgica I

Germania Superior

Notes

Beaucoup des données ci-dessus sont tirées de l’Epigraphik-Datenbank Clauss/Slaby, une ressource capitale pour l’étude des épigraphies en ligne.

English (Shakespeare)
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