ROMAE et AVGVSTO :
à ROME et AUGUSTE

Rome · Jules · Auguste · Germanicus · Claude · Britannicus · Vespasien · Titus · Nerva · Maison divine · Trajan · Hadrien · Antinoüs · Antonin · Vérus · Marc · Pertinax · Postume · Probus · Julien

Amphithéâtre à Condate
L’amphithéâtre de Lyon à Condate, dans le complexe du sanctuaire fédéral des Gaules.

Autel des Trois-Gaules
L’autel de Rome et Auguste, représenté sur une médaille frappée à Lyon en 1700.
(Musée des Beaux-Arts, Lyon)

Chaque année, les notables les plus éminents des Trois Gaules (Belgique, Lyonnaise, Aquitaine) se réunissaient à Condate, juste en amont de Lugdunum, pour discuter leurs affaires, élire parmi eux un prêtre pour l’année à venir, et offrir pieusement des vœux et des sacrifices auprès de Rome et Auguste le 1er août. Voici la date la plus sacrée du calendrier gallo-romain, l’assemblée qui incarne l’unité nationale des Gaulois. Et le tout est franchement, ouvertement dédié à la cité des conquérants et au prince qui l’a dirigée. Pourquoi ?

On a prétendu que la fête des Trois Gaules n’a été qu’une ruse sage, un masque pour déguiser la perpétuation d’une fête celtique. C’est là un vœu pieux. La vérité est que les Gaulois ont bien su s’adapter à leur réalité romaine. Ils ont vénéré les garants du nouvel ordre qui les apportaient la paix, la prospérité, la haute culture. Jules César les a vaincus : bon. Aucune honte d’être conquis par un dieu. Autant de gloire si c’est chez soi que le dieu s’est révélé. Des patriotes gaulois qui s’insurgeaient contre le statu quo romain durant l’année des quatre empereurs (69 de notre ère, 822 de celle de Rome) se vantaient d’être descendus d’un bâtard de Jules César ou de ses collaborateurs. Même des gens qui n’avaient aucun poste officiel, aucune raison de flétrir les puissants, n’ont pas oublié d’invoquer la maison ou des numina des empereurs dans leurs prières.

Avant la conquête romaine, la Gaule celtique était en pleine voie d’urbanisation. De forts liens économiques et culturels l’attachaient au monde méditerranéen. Si la civilisation gauloise possédaient son propre génie, elle a néanmoins réalisé bien de ses propres œuvres sous la tutèle romaine. Les voies romaines ont rendu possible une révolution commerciale. La paix entre nations gauloises favorisait une prospérité et une croissance démographique sans précédent. Même l’armée romaine laissait continuer la tradition militaire de l’aristocratie gauloise tout en créant un énorme marché prêt aux produits des campagnes et des ateliers gaulois. Bien des rêves de la Gaule celtique ont été réalisés par la Gaule romaine.

Des Gaulois ont beau regretter leur indépendance disparue : les masses, les élites avaient encore plus de raison d’applaudir leur attachement au plus grand empire du monde connu. Il était facile de trouver des raisons de se réconcilier avec Rome. Jules César qui a reçu la glaive de Vercingétorix devenait son successeur, et César Auguste le sien. La Gaule restait longtemps la terre favorite de la maison julio-claudienne. Ceux qui lisaient Virgile, Horace, Ovide — à savoir tout le monde qui recevait jusqu’à la moindre éducation — connaissaient la faveur spéciale que les dieux avaient conférée à Rome. C’était à cette ville de réunir le monde entier, de rendre universelles la paix et la civilisation, de jouir d’un empire sans terme.

Les princes successifs — lointains, augustes, pratiquement tout-puissants — se ressemblaient tellement à des dieux terrestres qu’on ne rougissait pas de leur adresser des prières de leur vivants. Partis de ce monde-ci, ils étaient souvent proclamés comme des dieux célestes à part entière. Tout le monde a son génie — son esprit protecteur — et l’influence divine qu’il exerce peut être intitulée son numen. Même le citoyen romain le plus scrupuleux des principes anciens (qui interdisaient à ce qu’un mortel vivant puisse recevoir un culte) devait admettre qu’il convenait d’offrir un culte au numen d’Auguste, de ce mortel favorisé des dieux qui garantissait le bien-être de tout l’État. Quant au culte dû à un empereur divinisé, eh bien, rien de plus pieux que de l’offrir.

Apothéose d’Antonin et de Faustine
Représentation allégorique de l’apothéose du divin Antonin et de la divine Faustine, qui sont apportés dans les cieux sur le dos d’un génie ailé (accompagné de deux aigles) sous les regards bénévoles de la déesse Rome et du génie du Champs de Mars.
(Römisch-Germanisches Zentralmuseum, Mayence)

L’apothéose est l’idée centrale de la divinisation d’un empereur défunt (ou parfois de ses parents). Le concept que les âmes des mortels puissent être traduits aux cieux est de haute date. Hercule a vécu une vie terrestre avant que la portion mortelle de son être a été consumé, la portion divine reçue à Olympe comme dieu. Dans le monde grec, on a offert un culte aux âmes héroïsées d’Achille, de Pythagore, de Socrate, de Platon, d’Alexandre le Grand, d’Eumène II et à bien d’autres.

L’apothéose consiste dans la translation d’une âme (qui d’ailleurs est déjà divine) au domaine céleste. Elle a été représentée dans l’art par l’ascension du défunt sur le dos d’un aigle (cf. l’ascension de Ganymède auprès de Jupiter). Conçue dans tels termes, l’apothéose est une faite qui ne concerne que des êtres surnaturels (ce qui n’empêche pas que la faite se révèle aux mortels, par exemple par l’apparition du comète de Jules César). C’est cependant aux mortels d’inaugurer et d’administrer les cultes. Voilà pourquoi le Sénat a le rôle d’officialiser le culte dû aux augustes divinisés. Leur apothéose ne peut rien devoir à l’acte du Sénat, mais leur culte officiel dépend de lui.

Le Sénat a autorisé le culte posthume de bon nombre de personnes de la maison impériale, dont le nom reçoit dorénavant le préfixe de díuus ou díua (le divin, la divine), en commençant par le divin Jules, c.-à-d. Jules César (voir la liste sommaire pour une sommation plus complète).

Beaucoup d’invocations ont été offertes en l’honneur de la maison divine, in h(onorem) d(omus) d(iuinae). La maison divine est, naturellement, celle de l’empereur ; la formule in h. d. d. est devenue courante au deuxième siècle de notre ère, à l’époque où Nerva, Trajan, Plotine, Marciane, Matidie, Hadrien, Sabine, Antonin, Faustine et Marc-Aurèle fournissaient dans une seule famille autant d’exemples de génie, de splendeur, de sagesse impériaux.

Veuillez trouver sur cette page et les deux qui suivent (suivante, dernière) quelques divinités dont les services terrestres à la Gaule méritent d’être signalés.


La déesse Rome
La déesse Rome.
(Musée du Louvre)

La déesse Rome

Le monde entier est plein de dieux, et chaque endroit est chargé de sa propre divinité tutélaire. Non moins que les montagnes, les fleuves, et les mers, les villes se trouvent sous la protection des déités qui veillent sur leurs œuvres. Celle de Rome — la dea Roma ou déesse Rome — a effectué des merveilles. Unifier le monde méditerranéen entier, c’est instituer à travers d’énormes distances un système de lois, une langue commune, une tradition érudite et artistique, une chose publique, des standards de poids et de mesures, une économie intégrée. Le patrimoine romain reste incontournable de la Turquie au Portugal et de l’Écosse à la Libye. Les Français-es, les Belges francophones, les Suisses romand-e-s se servent toujours d’une langue issue du dialecte latin courant en Gaule. L’étude de l’Antiquité est le fondement de nos sciences, nos courants philosophiques, nos beaux-arts. L’activité de la déesse Rome se voit toujours.En ce qui concerne la Rome mythique, les sources primaires de premier plan sont évidemment l’Histoire romaine de Tite-Live et l’Énéide de Virgile. Greg Woolf y ajoute une analyse à propos dans Becoming Roman: The origins of provincial civilization in Gaul (1998). L’œuvre de la déesse Rome se dessine dans l’architecture de Palladio, les écrits de Voltaire, la sculpture de Canova...

Date de fête : 1er août (fêtée avec le divin Auguste à Condate, l’actuelle colline de la Croix-Rousse à Lyon, par les délégués des Trois-Gaules)

Date de naissance : 21 avril


Le divin Jules
Le divin Jules.
(Musée Gallo-Romain, Tongres)

Le divin Jules

Dictature : –48 à –44 (consul en –59, proconsul en Gaule de –58 à –49)

Le conquérant ne servait pas seulement ses propres intéresses en Gaule.Les historiens peuvent profiter des écrits de Jules César même (Guerre des Gaules, Guerre civile...), de Cicéron, de Dion Cassius, de Suétone, de Plutarque, etc. Il a brûlé, il a saccagé, il a tué : oui. Mais il a également pardonné à ses ennemis passés. Le passage de son armée et la colonisation de ses vétérans ont favorisé le commerce et le développement urbain de la Gaule intérieure. C’était non moins son œuvre que celle de Vercingétorix qui a unifié les peuples gaulois, jusqu’alors ennemis mutuels. Arrivé au sommet de son pouvoir, il n’a pas hésité de faire admettre des notables gaulois au Sénat romain. Suétone préserve les vers suivants, utilisé par les opposants de Jules César pour le taxer de favoriser les Gaulois :

Gallos Caesar in triumphum ducit, idem in curiam ;
Galli bracas deposuerunt, latum clauum sumpserunt.
César a conduit les Gaulois aussi bien au triomphe qu’à la Chambre ;
les Gaulois ont déposé leurs braies pour le laticlave sénatorial.C. Svetonivs Tranqvillvs, Vita diui Iuli 80.

Grâce aux actions du divin Jules et de ses successeurs, la Gaule a resté un fief largement fidèle de la maison julio-claudienne jusqu’à son épuisement.

Le culte du divin Jules est étroitement lié à celui de son comète, symbole de son apothéose.

Hanc animam interea caeso de corpore raptam
fac iubar, ut semper Capitolia nostra forumque
diuus ab excelsa prospectet Iulius aede!
Reçois l’âme de César arrachée par le fer à sa mortelle demeure ; et, sous la forme d’un astre, que le dieu Julius veille, du haut des cieux, sur le forum et sur le Capitole.P. Ovidivs Naso, Metamorphoseon xv.840-842, traduit du latin par Puget, Guiard, Chevriau et Fouquer, 1876.

Date de fête : 18 aoûtLe Temple du comète du divin Jules a été inauguré le 18 août –29.

Date de naissance : 12 juillet


Le divin Auguste
Le divin Auguste.
(Modification d’une photographie de Bibi Saint-Pol en domaine public)

Le divin Auguste

Principat : –28 à 14 (triumvir à partir de –43)

Les guerres civiles et sociales avaient bousculé la république pendant soixante-et-un ans quand les forces de César Auguste prennent Alexandrie en l’an 30 avant notre ère. Le leadership d’Auguste favorise la paix et l’unité par la fidélité qu’il inspire auprès de ses partisans (dont notamment Agrippa, un général et administrateur sans pair) ; grâce aussi à sa capacité de réconcilier les opposés (une fois en Sicile, une armée rebelle défait celle d’Auguste, mais c’est lui qui a la victoire, car les vainqueurs choisissent volontiers de se rallier à lui). Pendant le triumvirat, Marc-Antoine avait insisté que le nom de Cicéron figurât sur la liste de ceux destinés à l’exécution. Sous Auguste, c’est le fils de Cicéron — alors un consul — qui lit au sénat la nouvelle des suicides de Marc-Antoine et de Cléopâtre. Par la suite, Auguste va élever dans sa propre maison les filles de Marc-Antoine.

La réorganisation de la république entreprise par Auguste en –27 a mis fin à l’instabilité constante qui frustrait jusqu’alors le développement paisible de l’empire. Auguste s’entoure de personnes de génie. Au sein même de sa famille se trouvent Livie, Marcellus, Agrippa, Drusus (et un Tibère dont la dépravation n’allait se révéler pleinement avant l’an 26 de notre ère). Auguste préside à une floraison culturelle sans précédent à Rome, soit par son patronat directe soit par celui de son excellent ministre, Mécène. Les œuvres des écrivains latins de l’époque (des poètes comme Virgile, Horace, Ovide, Tibulle, Properce et Gallus ; des historiens Tite-Live et Salluste ; du biographe Cornélius Népos ; ou des écrivains didactiques Vitruve et Hygin...) témoignent du gout discriminant non moins que la brillance productrice qui typifient l’âge.

Auguste était actif en Gaule. Comme son père adoptif, César Auguste considère la Gaule comme un domaine loyal dont il faut prendre soin. Le redressement financier qu’il institue, en Gaule comme en Sicile, termine les exactions arbitraires des fermes des impôts. Auguste passe trois ans en Hispanie et en Gaule (–16 à –13), pendant lesquels il organise les provinces de la Gaule aquitaine, lyonnaise et belge (jusqu’alors l’énorme « Gaule chevelue », toujours un peu anarchique). Le gouverneur Plancus a établi Lugdunum (Lyon) comme colonie romaine ; un nouveau réseau de voies dessiné par Agrippa en a fait le centre des transports de la Gaule chevelue. Une des principales victoires étrangères d’Auguste — la conquête des Alpes — favorisait encore les liens commerciaux et mit fin aux exactions imposées par les tribus alpines.On peut recommander les œuvres de Suétone et de Dion Cassius. Le divin Auguste nous a laissé une sorte d’autobiographie politique (Res gestae diui Augusti), tandis que ses contemporains (Ovide, Virgile, Horace entre autres) laissent d’autres types de monuments.

Quod bonum faustumque sit tibi domuique tuae, Caesar Auguste ! Sic enim nos perpetuam felicitatem rei publicae et laeta huic precari existimamus: senatus te consentiens cum populo Romano consalutat patriae patrem.
Que la bonne fortune soit la tienne et celle de ta maison, César Auguste ! Car c’est ainsi que nous entendons prier pour la félicité perpétue de la République et sa bonheur. Le Sénat avec le peuple romain te salue tous ensemble comme père de la patrie. Salutation offerte au divin Auguste par Valère Messala. C. Svetonivs Tranqvillvs, Vita diui Augusti 58.

Date de fête : 1er août (fêté avec la déesse Rome à Condate, l’actuelle colline de la Croix-Rousse à Lyon, par les délégués des Trois-Gaules)

Date de naissance : 23 septembre (fêté par exemple à Narbonne)


Germanicus
Germanicus.
(Modification d’une photographie de Marie-Lan Nguyen, licence CC-BY)

Germanicus

Si ce sont Tibère et Gaïus qui succèdent à Auguste, ce n’est pas parce que les hommes de génie et de vertu manquent à cette époque, même au sein de la famille impériale. Agrippa, Marcellus, Lucius et Gaïus César succombent avant leur père adoptif Auguste, Drusus et Germanicus durant le règne de Tibère.

De ces hommes, c’est Germanicus qui est le plus regretté par le peuple, l’armée et même le sénat de Rome en raison de sa vie héroïque, de sa conduite vertueuse et de son décès prématuré. C’est le fils de Drusus, le neveu de Tibère (qui devient son père adoptif), et pour sa part un général réussi. Il a défait en 16 de notre ère le chef de guerre germain Arminius. Il est également l’auteur d’un poème didactique sur l’astrologie, une traduction latine libre des Phénomènes d’Aratus. Il est poisonné, dit-on, sous les ordres de son père adoptif qui était jaloux de ses victoires et de l’adulation que la foule et les légions lui accordaient. Sa popularité durable a facilité l’élévation de son fils Gaïus (Caligula) au pourpre — un honteux héritage à la chose publique — mais en revanche elle a favorisé ensuite le principat de son frère puîné Claude.Les mots de Tacite en faveur de Germanicus dans les Annales sont très évocateurs. D’autres informations sur lui se trouvent chez Suétone (par exemple dans la Vita Gai au sujet de son fils voire dans la Vita Claudi qui traite de son frère) et chez Dion Cassius. On a déjà fait mention de l’œuvre astrologique extante de Germanicus, soit l’Aratea.

Si l’État ne lui a jamais accordé la divinisation, les honneurs d’un héros lui sont pleinement dus. En effet, les soldats célébraient toujours sa fête de naissance au IIIe siècle, selon le Feriale duranum.Feriale Duranum.

Date de naissance : 24 mai


Le divin Claude
Le divin Claude.
(Modification d’une photographie de Chris Nyborg en domaine public)

Le divin Claude

Principat : 41 à 54

Ce natif de Lyon a survécu aux carrières meurtrières des empereurs Tibère et Gaïus (Caligula). Sa grande prudence et ses habitudes académiques (il est historien par profession) ne l’ont pas empêché de diriger la conquête de la Grande-Bretagne — une entreprise dans laquelle beaucoup de Gaulois ont participé, et qui allait bénéficier le commerce en Gaule. L’administration de Claude était largement sage, malgré la jalousie excitée chez les Sénateurs par ses agents (qui étaient principalement des affranchis). Grâce à sa condition médicale — probablement l’infirmité motrice cérébrale — il claudiquait (d’où le mot) et il balbutiait. Il est plusieurs fois trompé par ses femmes (dont il a quatre en succession). Pour ces raisons, les Sénateurs se moquent de lui.Nos historiens (Tacite et Suétone notamment) adoptent une posture hostile envers ce prince, ainsi que Sénèque dans l’Apocoloquintosis. Par contre, les simples soldats, le plèbe romain, et surtout les Gaulois font preuve de leur sympathie envers ce prince suave. La célèbre Table claudienne, trouvée à Lyon, commémore un discours de Claude devant le Sénat où l’empereur fait rappeler les mérites des Gaulois et exhorte aux Sénateurs d’en faire admettre parmi eux.Ti. Clavdivs Caesar Avgvstvs Germanicvs (an 48), Table claudienne. Ce prince érudit, historien des Étrusques, a lancé une réforme de l’aphabet latin qui comprend l’addition de trois lettres supplémentaires (les équivalentes respectives du w, du ü court et du ψ grec).Revilo P. Oliver (1949). “The Claudian Letter Ⱶ”, American Journal of Archaeology 53(3): 249–257.

Date de naissance : 1er août (le jour même de l’inauguration de la fête fédérale des Trois-Gaules à Lyon)


Britannicus?
Statue dite de Britannicus, trouvée dans un temple du culte impérial à Pompéïes.
(Modification d’une photographie de Antoine Motte dit Falisse, licence CC-BY-SA)

Britannicus

Ici encore, le destin a gravement trompé le peuple romain en permettant l’essor du scélérat Néron au lieu de son beau-frère Britannicus, le fils biologique de Claude qui promettait beaucoup. On reconnaît en lui la Spes augusta, l’Espoir auguste, dès sa naissance en l’an 41, à peine une année après celle de son excellente sœur Octavie. Cependant, la vertu de Britannicus n’a guère été mise à l’épreuve, car il est assassiné par Néron à l’âge de 14 ans (en l’an 55). Un sort semblable attendait Octavie, à qui Néron ordonna le suicide en l’an 62.Nos sources primaires principales sont les Annales de Tacite, les Vies de Suétone (surtout celle de Néron) et Dion Cassius.

Cette vie tragique a d’ailleurs inspiré le Britannicus de Racine. Son génie allait revivre pendant un temps chez Titus, un proche de Britannicus pendant leurs enfances respectives. Titus va profiter de son principat pour dignifier la mémoire de Britannicus, dont il érige plusieurs statues.

Notons que Britannicus n’a jamais été divinisé. Si l’innocence outragée mérite les honneurs d’un héros, permettons-nous à les offrir à Britannicus.

Date de naissance : 12 février


Le divin Vespasien
Le divin Vespasien.
(Modification d’une photographie de l’utilisateur de Wikipédia Shakko, licence CC BY-SA)

Le divin Vespasien

Principat : 69 à 79

Vespasien s’est couvert de gloire par ses victoires militaires en Grande-Bretagne et en Judée. C’est un homme sobre, honnête, prudent, mais d’un grand humour et de goûts modestes. Le plus grand succès de Vespasien était de réunir l’empire après le chaos et les guerres intestines qui avaient suivi la révolte de Vitelle et le suicide de Néron. Ces querelles avait été aux plus sanguinaires en Gaule, où par exemple les citoyens de Lyon et de Vienne se sont attaqués, les Éduens se trouvaient ennemis des Lingons, etc. Le rétablissement du calme et du bon gouvernement avait les conséquences les plus salutaires pour la Gaule et pour l’Empire. Le retour de la paix et de la prospérité a confirmé les Gaulois dans leur choix de ne plus poursuivre la guerre de Civilis pour l’indépendance des Gaules. Dorénavant, les Gaulois s’affirment avec confidence au sein de l’Empire. Leurs arts et métiers vont élaborer un style régional distinctif : fini d’imiter servilement les modèles italiens. Vespasien favorise l’éducation et fait avancer les carrières de Tacite, de Quintilien, de Flaccus et de Joséphus. L’établissement de la maison flavienne — première dynastie réussite après les julio-claudiens — a également établi que l’extinction de cette dernière maison ne devait pas être comprise comme un catastrophe pour l’État.Vespasien est le patron à la fois de Flavius Josèphe et de Tacite ; par conséquent, les livres des deux nous livrent beaucoup d’informations sur cet homme remarquable. Suétone y consacre également une Vie ; l’histoire de Dion Cassius s’étend sur cette période aussi.

Date de naissance : 17 novembre


Le divin Titus
Le divin Titus.
(Modification d’une photographie de Ed Uthman, licence CC BY-SA)

Le divin Titus

Principat : 79 à 81

Suétone le qualifie de amor ac deliciae generis humani, « l’amour et les délices du genre humain »,C. Svetonivs Tranqvillvs, Vita diui Titi 1. et ce n’est pas pour rien. Titus est parmi le nombre des díuí (comme Nerva, Pertinax et Julien) dont le principat n’était pas de longue durée, mais qui ont laissé une impression ineffaçable sur la postérité. Il était surtout un commandant militaire capable, dont l’exploit le plus notable est la conquête de Jérusalem (dont il a essayé d’empêcher la destruction et le suicide collectif des habitants). Avant sa succession, il avait cependant une réputation d’intempérance. Succédant à son père Vespasien, Titus fait preuve d’une modestie et d’un soin de justice inattendus. Il repousse une maîtresse bien aimée, la reine juive Bérénice, pour obéir aux exigences de ses concitoyens.Leur amour est immortalisé dans les drames de Racine (Bérénice) et de Corneille (Tite et Bérénice). Trois désastres vont secouer l’empire durant son principat : l’éruption de Vésuve (qui a pour conséquence la destruction totale de Pompéïes), une incendie dévastatrice à Rome (suivant de peu celles de l’ère de Néron et de la guerre entre Othon et Vitelle), et une peste à grande mortalité. Titus se distingue lors de ces évènements tragiques par son activité et sa générosité envers les souffrants. Moins de trois ans après sa succession, Titus rejoint les rangs des immortels. Il est succédé d’un frère, Domitien, qu’il avait aimé mais qui ne l’avait jamais aimé de retour et qui allait vite faire preuve de la monstruosité de son caractère.Outre Suétone, Tacite (Histoires) et Flavius Josèphe nous fournissent des détails sur la vie trop courte de cet aimable prince.

Date de naissance : 30 décembre


Notes

En sus des sources citées ci-dessous, j’ai consulté plusieurs sources secondaires, dont notamment le site De Imperatoribus Romanis de Richard D. Weigel et les éditions anglaise et française de Wikipédia.

English (Shakespeare)
English please!
Deutsch (Goethe)
Auf deutsch, bitte!
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