PROVINCIA MAXIMA SEQVANORVM : GRANDE-PROVINCE-des-SÉQUANES

Séquanaise (carte)

Aperçu

La Séquanaise est composée de trois cités : les Séquanes (Sequani) qui y donnent leur nom, les Helvètes (Heluetii) et les Rauraques (Raurici). S’y ajoute une colonie romaine, Nyon (la cité des Équestres, Equestres). Le territoire s’étend donc aux deux côtés du Jura, comprenant l’essentiel des Franche-Comté et Suisse d’aujourd’hui.

Cette région touchait à la Gaule belgique, à la Gaule lyonnaise, et à la Germanie supérieure, et faisait partie de toutes les trois à différentes époques.

Dieux et déesses attestées sur les épigraphies

Mars apparaît comme le dieu le plus populaire dans cette province, le résultat d’une haute concentration d’inscriptions en son honneur chez les Rauraques. Sont prédominants des aspects de Mars explicitement militaires (« le dieu Mars militaire », Mars Caturix « seigneur des batailles », Mars Cicolluis « musclé », Mars Ségomon « le vainqueur », Mars Gradivus, patron des armées). Notons aussi le profile relativement haut de Bellone, déesse des combats.

C’est en général Mercure qui arrive en tête. Il est souvent invoqué comme « Mercure Auguste », ce qui souligne son rôle comme chef des dieux en Gaule. On lui a attribué quelques autre épithètes comme Cissonius (« du grand chariot » ??) et Matutinus (la racine matu- signifiant soit « bon » soit « ours »).[1] C’est également ici qu’on trouve la seule inscription en Gaule mentionnant les Lugoves, dont la connexion à Mercure est toujours hypothétique. Est entièrement absente toute parèdre féminine comme Rosmerta, Maïa, Atesmerta, Cantismerta ou Visucia.

Apollon et Jupiter Optimus Maximus sont, comme ailleurs en Gaule, les deux autres dieux les plus éminents. Et l’un et l’autre sont presque dépourvus de surnom celtique et de parèdre. De rares inscriptions évoquent Junon et Sirona ; une seule fait mention d’« Apollon Grannus Mogounus », à rapprocher à un aspect typique de l’Apollon belge (Grannus) et au nom de Mayence (Mogontiacum).

Juste après ces quatre grands dieux, et jouissant d’une popularité évidente dans toutes les cités de la province, est le dieu Invaincu, divinité solaire identifié soit au Soleil lui-même, soit à Mithras, actionneur du cosmos.

Les déesses les plus éminentes sont en fait les Mères, dont le haut profil serait peut-être dû aux influences germaniques.

Une particularité frappante de cette région est la fréquence et la manière d’invoquer les Suleiae (dont le nom n’est pas orthographié ici avec un V, Suleviae, comme autre part). Trois (groupes de) dédicants sur cinq précisent qu’ils invoquent leurs Suleiae — comme si tout le monde en possédant la sienne. S’agirait-il d’un génie familial ou personnel ?

Il faut signaler l’importance des divinités topiques dans la Grande-Province-des-Séquanes. La déesse Aventia est une divinisation de la ville d’Avenches (canton de Vaud), alors le chef-lieu des Helvètes, adorée comme Bibracte, Rome, etc. Luxovius et Brixta sont les divinités tutélaires de Luxueil-les-Bains, un site aux sources thermales au nord de la cité des Séquanes. Diane Abnoba est invoquée comme déesse (d’une partie ?) de la Forêt-Noire. Neptune, dont le culte est relativement peu attesté en Gaule, a néanmoins été très honoré par les nautes du Lac Léman. N’oublions pas également la haute proportion d’invocations des génies des habitants d’Avenches, de la colonie des Helvètes, du lieu, du pays, etc. Les habitants de cette province semblent aussi avoir attaché une importance singulière aux Quadriviae (déesses des carrefours) et de leurs collègues, les Biviae et Triviae.

Artion et l'ours
Bronze de la déesse Artion et son ours : une statuette du groupe de Muri (Suisse).
(Photographie de Sandstein, licence CC BY 3.0)

D’autres déités sont connues par des images aussi bien que par des inscriptions. C’est le cas de la déesse Naria (invoquée autre part comme Naria Nousantia), qui porte un diadème et ouvre les bras dans un geste donateur. Ses mains et ses attributs sont malheureusement disparus. La déesse Artion a une iconographie très singulière. Une statuette en bronze la représente assise, une corne d’abondance dans la main et un diadème à la tête, observant calmément un énorme ours qui s’avance vers elle sous l’ombre d’un arbre âgé. Le nom de la déesse se comprendrait justement comme « à l’ours » — artos signifierait « ours » en gaulois, tout comme arth en gallois (cf. Arthur), arzh en breton, art en irlandais (cf. Art, père de Cormac mac Airt), etc. Les statuettes de Naria et d’Artion proviennent d’un même ensemble trouvé à Muri, qui comprend également un lar et tous les membres de la triade capitoline (Jupiter, Junon, Minerve).

Je compte en total 218 mentions de dieux et déesses particulières dans cette province.

Belgica I
Germania Superior
Germania Libera
Lugdunensis I ← Maxima Sequanorum → Raetia

Viennensis

Alpes Graiae

Regio XI Transpadana

Notes

L’essentiel des données ci-dessus sont tirées de l’Epigraphik-Datenbank Clauss/Slaby, une ressource capitale pour l’étude des épigraphies en-ligne. J’ai collé toutes les inscriptions d’intérêt religieux des trois cités de la Grande-Province-des-Séquanes que j’ai pu identifier : voici la liste (format texte). Si vous connaissez une inscription religieuse qui y manque, ou si vous identifiez une erreur de n’importe quelle sorte, je vous prie de m’en alerter.

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