ROMAE et AVGVSTO :
à ROME et AUGUSTE

Rome · Jules · Auguste · Germanicus · Claude · Britannicus · Vespasien · Titus · Nerva · Maison divine · Trajan · Hadrien · Antinoüs · Antonin · Vérus · Marc · Pertinax · Postume · Probus · Julien


Le divin Nerva
Le divin Nerva.
(Modification d’une photographie de Claire Houck, licence CC BY-SA)

Le divin Nerva

Principat : 96 à 98

Nerva est l’un des princes qui ont mérité la renommée de la postérité, encore que leur règnes fussent très brefs (tout comme les divins Titus, Pertinax et Julien). Nerva a présidé à une période de transition des plus délicates. La dynastie flavienne venait de s’éteindre — il s’agissait de la première échéance dynastique depuis les guerres civiles qui ont suivi l’extinction de la maison julio-claudienne. Nerva devait jouer le rôle de Galba — vieillard sans enfants, autorisé par le Sénat de veiller à un temps de transition. Il s’efforce de le jouer mieux que l’imprudent Galba. Nerva adopte Trajan, commandant militaire populaire qui devient ainsi son successeur. Faisant preuve d’une clémence inattendue, Nerva prête serment de ne mettre à mort aucun sénateur. Il rappelle les personnes mises en exil par Domitien ; sous peu, il met fin aussi aux procès contre les sbires de Domitien. Ses réformes allègent les impôts, divisent les latifundia et distribuent des terres aux pauvres. Sénat, peuple, forces armées, opposants de Domitien non moins que ses anciens partisans : tous s’accordaient dans leur admiration pour Nerva. En le choisissant comme prince, le Sénat a beau croire retarder seulement la reprise des guerres civiles. Grâce à la finesse de Nerva, elles seront éliminées pendant un siècle près.Avec Nerva commence une période de l’histoire romaine où les sources sont lamentablement lacunaires. Il faut s’appuyer sur des sommaires brefs et tardifs, comme les histoires issues de la Kaisergeschichte ou les mentions chez Ammien Marcellin et Zosime, ou bien sur l’Histoire auguste peu fiable. Outre cela, on se trouve presque dans la protohistoire.

Date de naissance : 8 novembre


La maison divine

Quatre princes successifs — Trajan, Hadrien, Antonin le Pieux, Marc-Aurèle — incarnent chacun à son tour une modèle distincte de l’excellence impériale. Le conquérant, l’édificateur, le juge, le philosophe : l’un après l’autre apporte à l’État les avantages de son propre génie. À aucun ne peut-on reprocher de faute majeure. C’est sous ces quatre hommes remarquables que Rome atteint le zénith de son pouvoir, de sa prospérité, de son prestige. Les relations qu’ils entretiennent avec une lignée de femmes de grands talents — Marciane, Matidie, Sabine, Faustine, sans oublier l’excellente Plotine — font d’eux une seule famille. À savoir, cette glorieuse « maison divine » que les Gaulois ont tant de fois honorées dans leurs inscriptions votives.

La divine Plotine, monnaie
La divine Plotine, femme de Trajan. Elle se dévoue à la philosophie, étant de tendance épicurienne, et devient célèbre en raison de sa vertu et de sa bienfaisance. Elle a favorisé l’adoption d’Hadrien.
(Modification d’une photographie du Classical Numismatic Group, Inc., CC BY-SA)
La divine Marciane, monnaie
La divine Marciane, sœur de Trajan et mère de Matidie. Elle est l’adjudant constant de Trajan, et c’est à elle qu’on octroie le titre d’Augusta (avec l’approbation voire l’insistence de Plotine).
(Modification d’une photographie du Classical Numismatic Group, Inc. en domaine public)
La divine Matidie, Louvre
La divine Matidie (buste au Louvre). Elle est la nièce et confidente de Trajan, et une cousine estimée d’Hadrien, dont elle devient la belle-mère.
(Modification d’une photographie de Clio20, CC BY-SA)
La divine Sabine
La divine Sabine (buste au Museo del Prado), fille de Matidie et femme d’Hadrien, de caractère indépendant et originel.
(Modification d’une photographie de Luís García, CC BY-SA)
La divine Faustine
La divine Faustine (l’ancienne ; buste au Kunsthistorisches Museum), grande-fille de Matidie, nièce de Sabine et femme adorée d’Antonin le Pieux. On la respecte pour ses actes de charité et pour son caractère franc et vertueux.
(Modification d’une photographie de Gryffindor, CC BY-SA)


Le divin Trajan
Le divin Trajan.
(Modification d’une photographie de Bibi Saint-Pol en domaine public)

Le divin Trajan

Principat : 98 à 117

Issu de l’armée de Germanie-supérieure, le divin Trajan s’applique à l’agrandissement militaire de l’Empire, achevant notamment la conquête de la Dacie. Il effectue encore d’autres conquêtes, dont celles d’Arménie et de Mésopotamie, qui ne seront pas retenues par son successeur Hadrien. On le considère comme un protégé de Jupiter Optimus Maximus (Très-Bon, Très-Grand), en hommage de quoi il reçoit le titre de Optimus Princeps (Très-Bon Prince).C. Plinivs Secvndvs Iunior (an 100 de notre ère), Panegyricus 2. Il entreprend un majeur projet de travaux publics à Rome qui produit par exemple le forum, les thermes, le marché et la colonne qu’on appelle encore ceux de Trajan. On remarque deux importantes exceptions au bon ordre général — la grande révolte juive des années 115 à 117 et la persécution des chrétiens en Asie (première persécution depuis Néron en l’an 64) — en dépit desquelles, son principat donne une impression dominante de la justice, de la clémence et de sage administration (Trajan suscite l’admiration même des historiens chrétiens antiques).

« Mais, dans le prince qui nous gouverne, quelle heureuse alliance de toutes les belles qualités ! […] Tel devait être celui que n’ont fait empereur ni les guerres civiles, ni la république opprimée par les armes ; mais la paix, l’adoption, et le ciel enfin réconcilié avec la terre. » C. Plinivs Secvndvs Iunior (an 100 de notre ère), Panegyricus 4–5 (traduction française). Version originale:
At Principi nostro quanta concordia, quantusque concentus omnium laudum omnisque gloriae contigit ! […] Talem esse oportuit, quem non bella civilia nec armis oppressa respublica, sed pax, et adoptio, et tandem exorata terris numina, dedissent.

En même temps, il ne néglige pas l’administration civile, qui de son époque est sage et prudente. Il s’allie aux talents de trois femmes illustres : sa femme Plotine, sa sœur Marciane et sa nièce Matidie. De toutes les trois il acceptent les avis ; une ou plusieurs d’elles l’accompagnent souvent pendant qu’il voyage. Il n’a pas officialisé l’adoption d’Hadrien avant sa maladie terminale ; mais ce dernier allait mériter toute la confiance que son père adoptif avait pu lui faire.

Date de naissance : 18 septembre


Le divin Hadrien
Le divin Hadrien.
(Modification d’une photographie de Marie-Lan Nguyen en domaine public)

Le divin Hadrien

Principat : 117 à 138

Partout où l’on erre dans les territoires jadis romains, on discerne encore les œuvres d’Hadrien. Panthéon de Rome. Mur d’Hadrien. Limites de l’empire en Germanie. Ville d’Antinoupolis en Égypte. Hadrien voyageait partout ; il s’intéressait à tout. Il contribuait partout de nouvelles constructions, des améliorations, des restaurations. Pendant une visite en Gaule, il fait construire un nouvel aqueduc à Lugdunum (Lyon) et restaurer le théâtre et l’amphithéâtre, dont on peut toujours discerner les traces.

Hadrien est, pour ainsi dire, l’ange du développement paisible. Amateur de la poésie, des beaux-arts, mais aussi de la mathématique, de l’architecture, de la logistique — il voulait être au courant de tout ce qui se passait sous son égide. Il était un chasseur infatigable ; c’est en chassant en Bithynie (actuelle Turquie du nord-ouest) qu’il rencontre son amant Antinoüs.

Hadrien n’a pas laissé de fils, ce qui n’est guère étonnant en vue de sa préférence homosexuelle et son mariage troublé avec Sabine. Il a pris soin tout de même de préparer sa succession. Après être prédécédé par un fils adoptif, Élius César, il en adopte un autre, César Antonin, qui méritera son surnom de Pieux. Hadrien contraint Antonin à adopter à son tour deux fils, Vérus et Marc-Aurèle, qui continueront la dynastie antonine adoptive.

Date de naissance : 24 janvier


Antinoüs

Antinoüs
Antinoüs en Osiris.
(Modification d’une photographie de DS, CC BY-SA 3.0)

L’amant d’Hadrien, c’est un jeune Bithynien du nom d’Antinoüs. Célèbre en raison de sa beauté, il devient le compagne constant de l’empereur. Dans une épisode mémorable, Hadrien en sauve la vie lors d’une chasse à lion. Antinoüs excite le controverse en raison de l’influence débauchée et hellénisante qu’on l’accusait d’exercer sur le prince. Il est noyé dans le Nil lors d’un voyage impérial en Égypte en l’an 130, provoquant la plus vive douleur chez l’empereur, qui érige en sa mémoire des statues, des temples, un obélisque, et même une nouvelle ville (Antinoupolis) près du lieu ou il meurt.

Antinoüs n’est pas divinisé par le Sénat ; il devient un dieu selon la coutume égyptienne, qui veut que le même sort attend toute personne noyée dans le fleuve sacré. Son culte se répand à travers l’Empire tout en se syncrétisant avec notamment celui de Dionysos–Osiris, mais avec bien d’autres. Il est apprécié aujourd’hui comme le « dieu queer » par excellence.

À Tibur, un dévot d’Antinoüs et du dieu gaulois Bélénus s’interroge :

Antinoo et Beleno par aetas formaque si par,
cur non Antinous sit quoque qui Belenus ?
« Tellement Antinoüs et Bélénus par l’âge et la beauté sont pairs,
pourquoi Antinoüs ne serait-il Bélénus même ? »E. Courtney (1995), Musa Lapidaria: A selection of Latin verse inscriptions, The American Philological Association, pp. 152–153, 359–360.

Date de fête (Grandes Antinoéies) : 21 avril

Date de naissance : 27 novembre

Date d’apothéose et fondation de la ville d’Antinoupolis : 30 octobrePour ces trois dates, je me fie au calendrier de P. Sufenas Virius Lupus.


Le divin Antonin
Le divin Antonin.
(Modification d’une photographie de Bibi Saint-Pol en domaine public)

Le divin Antonin

Principat : 138 à 161

L’empereur nîmois Antonin, dit le Pieux, veille à une période de vingt-trois ans de paix interne, de stabilité, de justice. Seuls quelques soulèvements mineurs à la frontière (en Grande-Bretagne ou en Dacie) ont troublé le calme de ce règne exemplaire. Il introduit plusieurs principes légaux pour sauvegarder la justice, dont l’innocence avant la conviction et des limites à l’utilisation de la torture. Il favorise la manumission des esclaves. Son style d’administration est de veiller à une distance aux actions des gouverneurs et responsables provinciaux. Il renonce donc aux voyages coûteux de son prédécesseur Hadrien. Toujours au contraire d’Hadrien, Antonin a une réputation de chasteté ; son mariage avec Faustine est des plus harmonieux. En l’an 148, il fait célébrer les Jeux séculaires (une fête que l’historien Zosime considère importante en pérennisant la pax deorum, les bonnes relations entre dieux et les mortels de l’empire).

Date de naissance : 19 septembre. À propos, le temple des divins Antonin et Faustine à Rome est toujours debout — il a été rebaptisé l’église San Lorenzo in Miranda.


Le divin Vérus
Le divin Vérus.
(Modification d’une photographie de Marie-Lan Nguyen en domaine public)

Le divin Vérus

Principat : 161 à 169 (avec le divin Marc)

Le plus grand mérite de Vérus — et c’en est un sans précédent — est de partager le principat d’une façon paisible avec son frère adoptif Marc-Aurèle. Que de fois l’histoire doit lamenter les princes, jaloux de leurs frères, qui font saigner leurs patrimoines ! Ce n’est pas le cas ici. Pour la première fois, on a confié l’empire à deux frères, et le résultat en est une réussite totale. Lucius Vérus collabore sans machinations avec Marc-Aurèle qui jouit toujours des privilèges de l’aîné. Vérus s’en va combattre contre les Perses en Syrie et contre les Marcomans dans les actuels Serbie et Banat. Vérus a la réputation d’être très dévoué au luxe et au jeu. Sa maîtresse Panthée — une grecque belle et vertueuse — aurait été une bonne influence sur lui, mais la politique le contraint à épouser la fille de Marc-Aurèle. Il meurt après un co-principat de neuf ans.

Date de naissance : 15 décembre


Le divin Marc
Le divin Marc.
(Modification d’une photographie de Steerpike en domaine public)

Le divin Marc

Principat : 161 à 180 (avec le divin Vérus jusqu’en 169)

Connu également comme le divin Marc-Aurèle aussi bien que le divin Marc-Antonin, cet empereur singulier s’est dédié à la recherche de la vie bonne. Son œuvre de Pensées pour moi-mêmeImp. Caes. M. Avrelivs Antoninvs Avgvstvs (années 170), Τὰ εἰς ἑαυτόν, cf. la traduction de J. Barthélémy avec commentaire (1876). atteste ses longues études philosophiques (principalement de l’école stoïcienne, mais il n’était pas sectaire). Les invasions germaniques l’ont contraint à passer une bonne portion de son règne en guerre. Marc-Aurèle s’occupe des frontières ; il lit ; il se réfléchit ; il s’efforce toujours de s’améliorer.

La philosophie de Marc-Aurèle (on ne prétend ici que d’en donner une brève esquisse) se fonde sur la réflexion sur l’attitude correcte envers des évènements concrets. On n’y trouve point de cosmologie ni de métaphysique. C’est l’esprit de l’individu qui est au centre de sa pensée, et l’esprit peut régler tout ce qui concerne la personne. Les phénomènes de ce monde-ci ne peuvent pas toucher à celui qui possède la fortitude d’y faire face sans peur, sans trouble, sans attachement. La pratique de Marc-Aurèle est de se fortifier mentalement contre la mort, la peine, les douleurs, pour les priver de leur amertume. Et pourquoi ? Pour agir, d’une façon vertueuse, d’une façon bienfaisante, à la recherche d’une justice qui ne craint pas les conséquences. Car la seule vraie félicité, selon les stoïciens, est de vivre selon la vertu et selon la nature.

La seule faute que Marc-Aurèle a jamais faite à l’État, disait-on, était d’engendrer un fils, car s’est avec le brute Commode que termine l’âge d’or des princes adoptifs.

Date de naissance : 25 avril


Notes

En sus des sources citées ci-dessous, j’ai consulté plusieurs sources secondaires, dont notamment le site De Imperatoribus Romanis de Richard D. Weigel et les éditions anglaise et française de Wikipédia.

English (Shakespeare)
English please!
Deutsch (Goethe)
Auf deutsch, bitte!
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