EPONAE : à ÉPONA

Epona (Dalheim)
Image colorisée d’Épona en monte amazone. Elle porte un panier de fruits.
(D’après un relief de Dalheim qui se trouve au Musée national d’histoire et d’archéologie, Luxembourg)
« Épona : c’est elle la déesse qui s’occupe de la protection des chevaux »
     — Pseudo-PlutarquePseudo-Plutarque, Parallela Minora 29. L’auteur donne un très bref résumé évhémériste de la naissance d’Épona de Fulvius Stellus et une jument, selon l’autorité d’Agésilas. L’identité de ce Fulvius Stellus est inexpliquée ici ; je crois qu’il s’en agit de la seule attestation. Version originale :
Φουλούιος Στέλλος μισῶν γυναῖκας ἵππωι συνεμίσγετο, ἡ δὲ κατὰ χρόνον ἔτεκε κόρην εὐμορφον, καὶ ὠνόμασεν ῎Εποναν. ἔστι δὲ θεὸς πρόνοιαν ποιουμένη ἵππων, ὡς ᾽Αγησίλαος ἐν τρίτωι ᾽Ιταλικῶν.
« Détestant les femmes, Fulvius Stellus se joignait à une jument ; après quelque temps, la jument est accouchée d’une belle fille qu’on appelait Épona : c’est elle la déesse qui s’occupe de la protection des chevaux. Voilà (ce qu’écrit) Agésilas dans le troisième (livre) de son Histoire des Italiques. »

Epona est avant tout la déesse équestre des Gaulois. Ce constat est confirmé par l’iconographie de la déesse (elle est presque obligatoirement representé avec un ou plusieurs équidés), par l’étymologie de son nom et par le peu qu’on sait de sa mythologie. Épona est d’ailleurs la déesse celtique qui a connu le plus grand succès chez les Romains. On l’a sans doute beaucoup adorée parmi la cavalerie gauloise, très admirée par les Romains et qui est composée de la crème de l’aristocratie indigène. Des descendants de cette élite équestre font partie d’une unité prestigieuse de l’armée romaine, les Equites singulares Augusti soit les « Cavaliers particuliers de l’Empereur ». Or les Equites singulares Augusti jouent un rôle incontournable dans la propagation du culte d’Épona qu’ils continuent d’adorer dans la ville de Rome comme en province. Le culte ne cesse pas de se vulgariser ; il pénétrera, dès le IIe siècle de notre ère, jusqu’aux humbles écuries de la Grèce.Voilà du moins ce que découvre Lucius, le héros du roman d’Apvleivs, les Metamorphoses. Lucius y est transformé en âne — une perspective qui le permet de bien observer la religion courante aux écuries de son époque.

Le nom de la déesse veut dire tout simplement “la grande jument” ; il est formé de la même racine gauloise que epos “cheval” (à comparer le latin equus et le grec ἵππος hippos).Xavier Delamarre (2003), Dictionnaire de la langue gauloise, p. 163. ,L’un des mois du calendrier de Coligny s’appelle Equos. Mais cela est probablement une fausse piste par rapport à Épona, car le mois d’Equos dériverait plutôt d’une racine ecu- “bétail” (du proto-indo-européen *péku), suggestion avancée par Delamarre (2003), p. 164. On y ajoute le même suffixe augmentatif -on qu’on trouve chez Ritona “le grand gué”, Ðirona “la grande étoile”, Maponos “le grand fils”, etc.

Description de la déesse

On représente Épona le plus souvent en monte amazone. Souvent, elle caresse la crinière de sa monture (normalement une jument) de la main gauche, ou bien elle y tient une corne d’abondance. Elle tient de la main droite une patère ou un panier de fruits ou de miches. Un poulain ou une pouliche accompagne parfois la jument, notamment en pays éduen. Voilà le type que Nantonos Aedui et Ceffyl, auteurs de l’excellent site epona.net, définissent comme le « sidesaddle type » (type en monte amazone), prédominant en Gaule. Un autre type répandu, dit « impérial », figure Épona assise sur un trône et flanquée de deux voire quatre équidés qu’elle nourrit d’ordinaire du panier sur ses genoux. C’est le type impérial qu’on rencontre le plus souvent en dehors de la Gaule.Nantonos & Ceffyl (2004–2007), “Depictions of Epona”, Epona.net.

Les attributs d’Épona (panier de fruits, corne d’abondance, et/ou patère) se trouvent également chez d’autres divinités, comme les Lares, les déesses-mères, Nehalennia, Abondance... Ils indiquent en règle la prospérité, la fécondité et (dans le cas de la patère) la piété. La seule caractéristique vraiment distinctive d’Épona, c’est la présence d’un ou plusieurs équidésMiranda Green (1989), Symbol & Image in Celtic Religious Art, p. 5. — mais cela suffit à identifier bien des rôles que la déesse exerce.

Par exemple, plusieurs circonstances indiquent qu’Épona est douée d’un rôle spécial sur l’Au-delà. On a interprété dans ce sens des éléments de son iconographie dont la construction peut être ambigüe (comme la représentation rare mais récurrente d’une clé ou d’un corbeau) ; cependant, la présence des reliefs d’Épona dans les contextes funéraires nous paraît déterminante.Miranda Green (1989), Symbol & Image in Celtic Religious Art, pp. 18–19. Épona, chevalière divine, conduit-elle l’âme du défunt vers sa nouvelle demeure, agissant donc comme psychopompe ? Il faut remarquer que le rôle de psychopompe, si souvent réservé pour Mercure dans les milieux romains (encore plus pour Hermès dans les grecs), ne figure guère comme caractéristique essentielle du Mercure gaulois. Ce dernier délègue-t-il la fonction de psychopompe à sa collègue équestre en Gaule où, lui, « le dieu que [les Gaulois] honorent le plus »C. Iulius Caesar (résumant Posidonius), De Bello gallico vi: 17. détient tant d’autres responsabilités ?

Pour Apulée, Épona — déesse des chevaux — serait également la protectrice des ânes. Ce détail n’est pas anodin pour Lucius, le héros du roman d’Apulée, qui est transformé en âne par un accident magique. Le polémiste chrétien Minucius Félix semble confirmer que l’âne est sous la protection d’Épona,« ... du moins que vous (les païens) ne consécriez des ânes entiers dans vos étables avec votre Épona ... ». M. Minvcivs Felix, Octauius 28. tandis qu’une scholie sur les Satires de Juvénal l’identifie aussi comme la « déesse des muletiers ».Collection de Divers scholies et gloses d’après Zwicker (1934), citée par Guillaume Roussel (1999, 2018), Inventaire des textes anciens / Epona, L’arbre celtique.

On figure Épona quelquefois dans un site à la source thérapeutique, comme à Sainte-Fontaine près de Freyming-Merlebach en l’Alsace moderne ou à Allerey dans le territoire des Éduens.Miranda Green (1989), Symbol & Image in Celtic Religious Art, pp. 17–18. S’agit-il là du voyage (à cheval) comme métaphore pour la guérison ?

Epona (Salonique)
Épona de type « impérial » ; stèle de Salonique (Macédoine). La déesse, assise en trône, est entourée de quatre chevaux. (Musée archéologique de Salonique)

Caractéristiques du culte

« L’aspect d’une statue d’Épona dans une petite chapelle au milieu des poutres qui supportaient le toit de l’écurie a coupé mes réflexions. On avait soigneusement orné la statue des guirlandes de roses tout récemment cueillies. »
     — ApuléeApvleivs (IIe siècle), Metamorphoses III: 27. Version originale :
respicio pilae mediae, quae stabuli trabes sustinebat, in ipso fere meditullio Eponae deae simulacrum residens aediculae, quod accurate corollis roseis equidem recentibus fuerat ornatum.

C’est sans doute aux écuries que le plus humble culte d’Épona se pratiquait. Voilà tout une industrie humaine qui avait affaire avec la déesse cavalière : charretiers, cochers, palefreniers, éleveurs, même maréchaux-ferrants, selliers, bourreliers, non moins que les chevaliers et écuyers d’une classe plus aisée. C’est sans doute par les adeptes des métiers de ce genre que le culte d’Épona s’est introduit en certaines régions de l’Empire romain (comme peut-être la Grèce). On peut imaginer les dons pieux de fleurs ou d’autres petits offrandes dans de simples niches installées dans d’innombrables écuries comme celle qu’Apulée décrit. Le poète Prudence atteste des offrandes d’encens et de grains moulus à Épona et fait allusion à l’inspection des entrailles de victimes à des fins divinatoires.Et Cloacina (déesse des égouts) et Épona recevait des offrandes de ce genre. Aurelius Prvdentivs Clemens (IVe siècle de notre ère), Apotheosis siue Hymnus de trinitate, ll. 197–199. Il s’agit là des offrandes conventionnelles et représentatives de la religion romaine en générale (la cible de la condamnation du poète). Les grains moulus (mola) sont probablement de l’épeautre salé (mola salsa) dont on se servait comme une simple offrande ou dont on jonchait la tête d’une victime avant de la sacrifier (voilà la signification originale du mot « immoler »).

Or l’association d’Épona à l’étable a créé l’impression, tout au moins pour certaines personnes, qu’Épona ne présidât que sur ce qui est inférieur et repoussant. Juvénal dénonce un certain aristocrate arrogant qu’il accuse de préférer non pas Jupiter mais Épona, que le satiriste considère comme une déesse rude voire sale, apte seulement aux écuries.D. Iunius Ivvenalis (de 100 à 127 de notre ère), Saturae III.8.155–157. Cela n’est qu’un de faux pas parmi beaucoup que Juvénal reproche à ce seigneur égaré, et, comme d’habitude, notre poète déploie toutes ses armes sans égard aux dommages collatéraux. Quelques siècles plus tard, le poète chrétien Prudence semble classer Épona avec Cloacina, la déesse romaine des égouts, comme indignes de l’adoration ou d’une place au ciel.Aurelius Prvdentivs Clemens (IVe siècle de notre ère), Apotheosis siue Hymnus de trinitate, ll. 197–199. L’érudit tardif Fulgence cite Épona comme exemple d’un semo, une divinité terrestre, de même titre que Priapus ou Vertumnus, qui comme elle ne sont « pas dignes du ciel ». Fabius Fvlgentivs (c. 600 de notre ère), “Expositio Sermonum Antiquorum” 11. Version originale :
[Quid sint semones.] Semones dici uoluerunt deos quos nec caelo dignos ascriberent ob meriti paupertatem, sicut sunt Priapus, Epona, Vertumnus, nec terrenos eos deputare uellent pro gratiae ueneratione, sicut Varro in mistagogorum libro ait: “Semoneque inferius derelicto deum depinnato orationis attollam alloquio”.
Tout cela indique une habitude persistante de cantonner Épona dans le stricte domaine de l’écurie dont elle est censée présider sur les opérations les plus grossières. Cette habitude, d’ailleurs, on l’observe essentiellement chez des Italiens et des Africains qui ne l’adoraient point.

Epona (Scarponna)
Représentation d’Épona à Scarponna, aujourd’hui Dieulouard (pays des Médiomatriques). La déesse est en monte amazone et porte un panier de fruits ; ici, la jument nourrit un poulain.
(Dessin d’une stèle aujourd’hui perdue. Espérandieu no 4605)

En revanche, d’autres régions livrent d’abondantes évidences qu’on y tenait en haute estime cette déesse de la noblesse celtique. Plusieurs inscriptions, notamment celles provenant des Balkans et du Danube, la saluent comme « Épona reine » (Epona regina)En Dacie : CIL iii: 7750 (Alba Iulia / Apulum) ; en Dalmatie : Corpus Inscriptionum Latinarum (CIL) iii: 12679 et Année Épigraphique (AÉ) 1933: 76 (Duklja) ; en Pannonie : RIU iii: 869 (Aquincum). ou, encore plus souvent, « Épona Auguste ».En Dacie : 1937: 184 (Alba Iulia / Apulum) ; en Norique : CIL iii: 5176 (Celeia), CIL iii: 4776 et CIL iii: 4784 (Virunum), CIL iii: 5312 (Maribor) ; en Pannonie : CIL iii: 3420 (Aquincum). En Gaule une invocation d’Epona ou de dea Epona suit fréquemment une formule faisant référence au culte impérial, soit In · H · D · D “en l’honneur de la maison divine” soit Aug · Sac “sacré à l’Auguste” selon la région et l’époque. La dédicace d’un autel à Épona et au génie des Leuques à Nasium (Naix-au-Forge dans la Lorraine contemporaine)CIL xiii: 4630. peut également souligner le lien entre Épona et la nation locale. Donc, l’association entre la souveraineté de la terre et le cheval sacralisé ne semble pas oubliée dans ces provinces de l’Empire — ni parmi les Cavaliers particuliers de l’Empereur qui figuraient comme les adorateurs les plus notables d’Épona à Rome. Conception atavique qui remonterait jusque chez les Indo-Européens, le renouvellement de la souveraineté par un sacrifice de jument ou de cheval trouve des échos, dit-on, et dans le sacrifice irlandais d’une jument blanche lors de l’installation d’un nouveau roi,Giraldvs Cambrensis (c. 1188), Topographia Hibernica 25. Cette pratique serait limitée au 12e siècle au lointain comté de Tyrconnel (Donegal). dans le rite védique de l’ashvamedha et dans le sacrifice annuel d’un cheval à Mars chez les Romains (Equus October).Georges Dumézil (1970), Archaic Roman Religion, pp. 224–228. Quoi qu’il en soit, des adorateurs et adoratrices d’Épona ont certainement reconnu en leur déesse une puissance régalienne.

La présence des dédicaces à Épona dans les provinces hellénophones, celles du Danube et à Rome — aussi bien que la Grande-Bretagne et l’Espagne — donne quelque indication du rayonnement du culte. Il faut en même temps insister sur l’intensité de l’adoration d’Épona en Gaule et notamment en Gaule de l’est et du nord. Les inscriptions et les figurations d’Épona se concentrent chez les Éduens, les Médiomatriques (notamment à Metz) et les Trévires (notamment à Dalheim (Luxembourg) et à Trèves), avec d’importantes extensions à l’est en Germanie-supérieure et à l’ouest en Aquitaine.Miranda Green (1989), Symbol & Image in Celtic Religious Art, pp. 16–17, 22.

Si la Gaule de l’est est au centre du culte d’Épona, les provinces danubiennes en sont devenues une seconde patrie. La Dacie, la Pannonie, la Mésie, le Norique, la Dalmatie — colonisées ici ou là par plusieurs vagues de groupes celtes, et des terres privilégiées de même titre que la Gaule pour le recrutement de la cavalerie — livrent une bonne trentaine d’inscriptions en l’honneur d’Épona, soit la moitié du total en dehors de Rome.

On retient le 18 décembre comme la date de fête d’Epona. C’est un calendrier fragmentaire de Guidizzolo en Vénétie qui nous fait connaître cette fête, 1892: 83. mais l’on ignore si elle s’observait en d’autres lieux. C’est en tout cas un fait remarquable qu’Épona est la seule divinité celtique à être douée d’une date de fête dans un calendrier romain.Miranda Green (1989), Symbol & Image in Celtic Religious Art, p. 23. Je remarque également le dédicace d’un autel le 18 mars de l’an 250 ou 251 à Tilena (Til-Châtel dans la Côte-d’Or) ; cet autel est dédié in H · D · D · deae Eponae dis Mairabus genio loci “en l’honneur de la maison divine, à la déesse Épona, aux Di Mairae et au génie du lieu”.CIL xiii: 5622. (L’identité des dieux Mairae reste, je crois, obscure ; ils ne sont probablement pas à confondre avec les déesses mères (deae matres).)

L’entourage d’Épona

Je viens de signaler une inscription où on invoque Épona avec les obscurs Di Mairae et le génie du lieu. Les épigraphes révèlent des collocations notables d’Épona avec plusieurs autres divinités (à comparer la table que Nantonos et Ceffyl ont assemblée sur Epona.net). Les plus distinctives sont peut-êtres les Campestres, soit les « divinités du champ », qui sont invoquées avec Épona par des centurions en Grande-BretagneIl s’agit d’un autel dédié à Mars, Minerve, les Campestres, Hercule, Épona et Victoire près du Mur antonin en l’Écosse moderne. CIL vii: 1114. et en Dacie,À Sarmizegetusa. CIL iii: 7904. par un cavalier des Equites singulares Augusti en RhétieÀ Celeusum, aujourd’hui Pförring en Bavière. CIL iii: 5910. et à maintes reprises par des Equites singulares Augusti à Rome.Voir mon analyse d’une des inscriptions de ce genre. Les Campestres présideraient sur le champ d’entraînement, croit-on, plutôt que celui du combat.Georgia L. Irby-Massie (1996), “The Roman Army and the Cult of the Campestres”, Zeitschrift für Papyrologie und Epigraphik, 113, pp. 293–300. L’auteure entend le mot Campestres comme féminin et compare les Campestres à des valkyries aux aguets pour les guerriers prêts à se distinguer sur le champ de bataille.

Les inscriptions des Equites singulares Augusti à Rome invoquent typiquement tout un panthéon de dieux et déesses honorées par les cavaliers, y compris Jupiter, Junon et Minerve (la Triade capitoline) ; Mars et Victoria ; Mercure, Félicité, Salut, les Parques, les Campestres (comme on vient d’observer) ; Silvain, Apollon et Diane ; Epona, les Mères, les Sulévies (il peut également s’agir d’une invocation des « Mères Sulévies ») et le génie de leur régiment. Si les Equites singulares Augusti se montrent assidus à l’adoration d’Épona, c’est surtout dans des contextes où bon nombre d’autres divinités s’honorent aussi.

Epona (Gannat)
Stèle d’Épona découvert à Gannat (Auvergne). Elle porte une grande clé (clé de l’écurie ? clé de l’Au-delà ?). Son manteau flottant en « nimbus » rappelle la représentation traditionnelle d’Europe sur le dos du taureau.Miranda Green (1989), Symbol & Image in Celtic Religious Art, pp. 16, 18.
(Espérandieu no 1618)

Les inscriptions des Equites singulares Augusti à plusieurs divinités commencent en règle par une invocation de Jupiter. Les co-dédicaces à Jupiter Optimus Maximus et à Épona s’observent plusieurs fois aussi en Dalmatie et au Norique.CIL iii: 5192, 8671, 12 679 ; 1933: 76. Peut-être qu’on a conçu une liaison mythique entre Épona et le galant Jupiter... ou sinon, la complémentarité de leurs fonctions suffit d’expliquer la juxtaposition, car Épona règne pour ainsi dire sur la terre comme Jupiter au ciel.

Une inscription atteste un petit sanctuaire à Rome dédié à la très intéressante triade d’Hercule, Épona et Silvain.CIL vi: 293. Tous les trois agissent d’une façon ou d’une autre comme champions des personnes désavantagées. Ils sont d’ailleurs tous populaires dans une certaine zone au nord des Alpes (Gaule belgique, Germanie-supérieure, Rhétie, Norique, Pannonie...) et les trois divinités figurent parmi celles invoquées régulièrement par les Equites singulares Augusti. On a également dédié au Norique un autel à Hercule et Épona Auguste(s) pour le salut de l’empereur.Il s’agit de l’empereur Bassien (Caracalla), un prince qui aurait profité du salut... CIL iii: 4784.

On a déjà évoqué l’allusion à Épona dans le roman comique d’Apulée, Les Métamorphoses. Chez Apulée, Épona fournit d’une certaine manière un lien vers Isis. Lucius, transformé en âne, cherche d’abord son salut chez Épona ; il le trouve, à l’issue de bien des (més)aventures, chez Isis. Cependant, une éventuelle relation Épona–Isis n’est guère exclusive chez Apulée, car le même auteur fait constater par Isis son identité absolue avec beaucoup d’autres déesses.À savoir : « Pour la race primitive des Phrygiens, je suis la déesse de Pessinonte et la mère des dieux ; le peuple autochtone de l’Attique me nomme Minerve Cécropienne. Je suis Vénus Paphienne pour les insulaires de Chypre, Diane Dictynne pour les Crétois aux flèches inévitables. Dans les trois langues de Sicile, j’ai nom Proserpine Stygienne, Cérès Antique à Éleusis. Les uns m’invoquent sous celui de Junon, les autres sous celui de Bellone. Je suis Hécate ici, là je suis Rhamnusie. » L. Apvleivs, Metamorphoseon XI.5, traduction de Désiré Nisard (1865). Mais comme le polémiste chrétien Minucius Félix fait également allusion à Isis avec Épona,M. Minvcivs Felix, Octauius 28. peut-être qu’on les associait dans l’esprit un peu plus régulièrement — du moins comme divinités qui partagent des identités non romaines (au même titre, pour ce Père de l’Église, que Jésus-Christ). Le contexte ne permet pas de formuler des conclusions plus précises.

Il se peut que pseudo-Plutarque conserve dans sa mention laconique et évhémériste la mémoire d’une légende italique selon laquelle Épona serait fille d’un nommé Fulvius Stellus.Pseudo-Plutarque, Parallela Minora 29 ; voir note supra pour le texte intègre. Les Italiques ont-ils inventé un mythe de ce genre après la réception chez eux de cette déesse d’origine indubitablement celtique ? Fulvius Stellus, dans ce cas, serait-il homme, héros, voire divinité topique ? Si la gens Fuluia est un clan plébéien des plus illustres, Selon Cicéron et Pline, la gens était originaire de Tusculum au Latium. “Fulvia Gens” in William Smith (éd., 1849), Dictionary of Greek and Roman Biography and Mythology. « Stellus » n’appartient point à l’onomastique romaine et ne peut que faire allusion à une étoile (... descendue dans le Latium comme météore pour donner son nom au prétendu père d’Épona ? — mais peut-être que je tire déjà trop de plans sur cette comète).

Épona partage avec Mercure une certaine responsabilité sur les voyageurs, la prospérité matérielle, le passage en l’Au-delà. Nantonos et Ceffyl signalent une stèle de Strasbourg où Mercure est flanqué de deux (!) représentations d’Épona. Quelques inscriptions (notamment celles des Equites singulares Augusti) invoquent Épona avec Mercure ou bien Hermès,Nantonos & Ceffyl (2004–2007), “Deities Associated with Epona”, Epona.net. mais somme toute leur association semble moins étroite que ce à quoi on pouvait s’attendre.

Épona n’est pas la seule divinité gauloise aux nuances équines. En sus des dieux qu’on représente parfois en cavaliers (Jupiter à l’anguipède, Castor et Pollux...), il y a un dieu connu à Neuvy-en-Sullias chez les Carnutes auquel on a dédié un bel étalon en bronze (peut-être la representation du dieu ?) ; il s’appelle « l’auguste Rudiobus » selon l’inscription.Monique Dondin-Payre. « Celtiques ? Romains ? Indigènes ? Importés ? Divinités et pratiques religieuses dans l’empire romain de l’Occident. » Pages 76, 81, 86 et 91 in Marie-Odile Charles-Laforge (2014). Les religions dans le monde romain: Cultes locaux et dieux romains en Gaule de la fin de la République au IIIe siècle après J.-C. : persistance ou interpretatio ? Artois Presses Université.

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Des analogues insulaires

J’ai constaté ailleurs mes réserves sur la prédilection autrefois répandue pour submerger la religion gauloise dans un pan-celtisme défini pour l’essentiel par la mythologie irlandaise (et dans une moindre mesure galloise). La mythologie irlandaise, c’est évidemment vive et éclatante, mais des siècles, de grandes distances et d’évidentes divergences culturelles la séparent de la religion gallo-romaine. Pourtant, dans le cas d’Épona, on trouve des figures mythiques dont les analogies avec Épona semblent non forcées mais bien aptes Nantonos & Ceffyl (2004–2007), “Later influences of Epona”, Epona.net. ; et d’ailleurs, la distribution quasi pan-celtique du culte d’Épona (un cas presque unique) conforte l’hypothèse que des mythes d’Épona aient trouvé des échos dans les récits traditionnels d’Irlande et de Grande-Bretagne. Je consacre donc cette section de la page à la Macha irlandaise et la Rhiannon galloise. On identifie Macha souvent avec la Morrígan, dont le nom, comme celui de Rhiannon, dérive de la racine celtique rigani “reine” qu’on peut mettre en rapport avec les invocations d’Epona Regina.Patrick K. Ford (1977), “Introduction”, The Mabinogi and Other Medieval Welsh Tales, p. 5.

Macha

Eamhain Mhacha
Le tertre principal d’Emain Macha, site de l’antique capitale de l’Ulster fondée selon la légende par la haute-reine Macha Mong Ruad.
(Modification d’une photographie de Jon Sullivan en domaine public)

Macha est une déesse irlandaise que les légendes relient d’une part à la Morrígan et d’une autre à la ville de Emain Macha, capitale rituelle du royaume d’Ulster. La Morrígan est, pour simplifier, une déesse guerrière composée de trois personnages (normalement Morrígan, Badb ou Badb Catha, et Macha, mais la liste peut varier). Son nom mor-rígan signifie “grande reine”. Elle choisit les vainqueurs en bataille ; elle s’attaque aux héros ou les séduit, à son gré. Les moines chrétiens qui nous ont transmis la mythologie irlandaise ont évidemment trouvent dans la Morrígan un personnage sinistre, mais fascinant.

Les mythes de Emain Macha et Ard MachaEmain Macha, aujourd’hui Eamhain Mhacha ou Navan Fort, est un site archéologique à quelques kilomètres des collines d’Ard Macha. Aujourd’hui c’est cette dernière qui abrite le centre urbain ; appelée Ard Mhacha ou Armagh, elle est la capitale ecclésiastique d’Irlande depuis l’époque de Patrice. sont complexes : il s’agit d’une série de figures surnaturelles qui, malgré les différents époques, s’appellent toutes « Macha » et dont les actes résultent en la fondation de cette capitale de l’Ulster (voilà le haut fait de Macha Mong Ruad, reine suprême d’Irlande, qui démarqua les limites de la ville avec sa fibule) et une malédiction contre les hommes de la province. Ce dernier récit nous intéresse en particulier. Plusieurs siècles après la fondation de la ville, un homme d’Ulster qui s’était marié à une fée (Macha) se vante ivrement de la prouesse de sa femme, déclarant qu’elle pouvait emporter une course contre les meilleurs chevaux du roi. Le roi accepte le défi, promettant de mettre à mort le mari (qui s’appelle Crunn) si sa femme ne court pas contre le char royal. Or Macha est alors enceinte. Elle refuse d’abord de participer à cette course, puis acquiesce de très mauvaise grâce. Macha court, elle souffre, et enfin elle l’emporte sur les chevaux du roi. Juste après avoir franchi la ligne d’arrivée, elle est accouchée d’une fille et d’un garçon gémeaux. Naturellement épuisée, elle maudit les hommes d’Ulster, qu’elle condamne à souffrir les peines de la parturition au moment de leur pire péril...Ce conte figure comme l’une des épisodes préliminaires (réamhscéala) au Táin Bó Cúailgne, la « Razzia du Bétail de Cuailgne », aussi bien que dans le Dinnsenchas (mythologie des noms de lieux) de Ard Macha et/ou Emain Macha, comme le Dinnsenchas de Rennes 94, le Dinnsenchas d’Édimbourg 61 et le Dinnsenchas métrique 112. Cela prouvera un inconvénient considérable quand la Razzia du bétail de Cuailgne commence.

On notera les connections persistentes entre Macha, les chevaux et/ou la condition royale. Les deux Macha légendaires qu’on vient de décrire (et il y a une ou deux autres de moindre importance) ont donné leur nom à Ard Macha et à Emain Macha, ville royale. L’une d’elles est haute-reine (comme Épona, reine ou auguste...), l’autre s’oppose à un roi qui l’humilie. Son humiliation consiste en ne pas être traitée avec la dignité due à une femme enceinte mais comme un cheval de course. Les deux Macha légendaires peuvent être des avatars de la déesse Macha qui forme une personne de la Morrígan, la « grande reine ».

Rhiannon

Rhiannon (Charlotte Guest)
Rhiannon, illustration dans la traduction de Lady Charlotte Guest (1877).
(Modification d’une image en domaine public)

Quant à Rhiannon, la ressemblance avec Épona s’impose même davantage. Il faut reconstruire l’origine du nom Rhiannon comme *Rigantona, c.-à-d. “la grande reine”.Xavier Delamarre (2003), Dictionnaire de la langue gauloise, p. 257. Les aventures de Rhiannon sont aussi compliquées que romancées ; elles comprennent l’essentiel de deux des quatre « branches » des MabinogiOn a francisé le titre Pedeir Keinc y Mabinogi comme « Quatre branches du Mabinogi », mais puisque le mot gallois Mabinogi est au pluriel, je préfère « des Mabinogi ». Les quatre « branches » sont des contes distincts mais reliés par la récurrence de certains personnages et thèmes. (un cycle célèbre de récits gallois ; il s’agit de la première et de la troisième branche). Pour résumer en bref, Rhiannon apparaît un jour en chevauchant dans une forêt dans le Dyfed. Le prince, Pwyll, l’espie lorsqu’il est en chasse. Pwyll veut rencontrer cette belle dame ; il tourne son cheval vers elle, il trotte, il galope, mais il ne peut pas s’approcher de la belle femme, encore que sa monture blanche marche toujours aussi lentement qu’au départ. Enfin Pwyll s’écrie, « Mademoiselle, je vous prie pour l’amour de l’homme que vous aimez le plus, attendez-moi ! » Elle s’arrête tout de suite en lui disant, « Je vous attends. Vous auriez mieux fait à l’égard de votre cheval de me le demander plus tôt. » Après cela, Pwyll et Rhiannon se parlent, se connaissent, et enfin se marient.

Il s’ensuit une épisode que Patrick Ford nomme Cyfranc Caseg a’r Mab “l’aventure de la jument et du garçon”, à relier selon lui à l’accouchement de Macha.Patrick K. Ford (1977), “Introduction”, The Mabinogi and Other Medieval Welsh Tales, pp. 7–8. Rhiannon est accouché d’un garçon, mais le bébé disparaît pendant la nuit. Les femmes de chambre décident pour éviter la punition d’accuser Rhiannon d’avoir tué l’enfant. Elles versent le sang d’un chiot nouveau-né dans la chambre et persistent en leur fausse accusation jusqu’à ce que Rhiannon est condamnée. Sa sentence est de confesser sa crime supposée à tout voyageur s’approche qui de leur château d’Arberth et de s’offrir comme monture pour les transporter jusque dans le château (pourtant, très peu de gens consentent de participer à une telle dégradation). Cette sentence doit durer sept ans, mais après un an il arrive à Arberth un certain Teyrnon Twrf Liant avec sa femme et un petit enfant. Teyrnon raconte comment il a découvert l’enfant la veille du 1er mai dans son écurie dans le district de Gwent Is-Coed, quelques 150 km à l’est d’Arberth : une écurie d’où des poulains nouveaux-nés ont mystérieusement disparu à plusieurs reprises... Tout le monde reconnaît l’enfant comme le fils de Rhiannon et Pwyll, et Rhiannon s’exonère de sa punition injuste.

Toutes ces épisodes-ci se trouvent dans la première « branche » des Mabinogi, Pwyll Pendefig Dyfed. Dans la troisième branche, Manawydan fab Llŷr, Rhiannon et son fils Pryderi (celui dont la naissance a été si miraculeuse et si tragique) sont parmi les seuls survivants d’une terrible guerre, avec Manawydan, le nouveau mari de Rhiannon, et Cigfa, l’épouse de Pryderi. Pryderi et Rhiannon sont emprisonnées dans un château-fort enchanté. Pendant sa captivité magique, Rhiannon porte le joug d’un âne.Pedeir Keinc y Mabinogi, traduction en anglais par Patrick K. Ford (1977), The Mabinogi and Other Medieval Welsh Tales, pp. 35–56, 73–87. En somme, l’avènement de Rhiannon — « grande reine » comme Épona et la Morrígan — s’annonce par un miracle aux chevaux. La naissance de son fils se complique par la disparition du nouveau-né qui rapparaît dans une écurie lointaine. Rhiannon est condamnée à deux reprises de répéter des performances équines humiliantes.

Liath Macha

Pour Ford, « L’Aventure de la jument et du garçon » donna naissance à encore un mythe irlandais, Compert Con Culainn “La naissance de Cú Chulainn”, le champion de l’Ulster pendant l’invasion de cette province par la grosse armée de Medb, la reine de Connacht (la « Razzia du bétail de Cuailgne »). Le roiIl s’agit de Conchobar mac Nessa, le roi d’Ulster, qui fleurissait selon l’historiographie traditionnelle au Ier (Lebor Gabála Érenn, Foras Feasa ar Éirinn) ou IIe siècle (Annales des quatre maîtres) avant notre ère. et son entourage sont en train de chasser une volée d’oiseaux surnaturels depuis le Slíab FuaitSlíab Fuait est une chaîne de collines dans l’Ulster au sud de Ard Macha. quand une tempête de neige les pousse à chercher l’abri. La seule structure qu’ils peuvent trouver est la maison d’un fermier dont la femme est en train d’accoucher... en même temps qu’une jument juste en dehors. Celle-ci met au monde des poulains gémeaux, celle-là au héros Cú Chulainn.Dans une des deux versions du récit à survivre, Cú Chulainn est né seulement après un avortement, une réincarnation et une apparition du dieu Lug Lamfada. Patrick K. Ford (1977), “Introduction”, The Mabinogi and Other Medieval Welsh Tales, pp. 7–8. Le lendemain de ces accouchements, la maison a disparu, le fermier, sa femme et la jument aussi. Il ne reste que le roi et son parti, le bébé et les deux poulains.Patrick K. Ford (1977), “Introduction”, The Mabinogi and Other Medieval Welsh Tales, pp. 7–8.

On remarque plusieurs ressemblances thématiques entre l’histoire de Compert Con Culainn et celle de Rhiannon dans la première branche des Mabinogi. Mais quel rapport avec Macha ou Épona ? Ah bon, j’ai omis de mentionner le nom d’un des chevaux nés cette nuit, à savoir le Liath Macha “(le cheval) à la robe grise de Macha”, le « roi des montures de l’Ulster »Aided Con Culainn (traduction en anglais). qui va traîner le char de Cú Chulainn avec son frère le Dub Sainglenn. D’ailleurs, le champion Cú Chulainn prouve sa prouesse, acquiert son nom et passe beaucoup de son temps à Emain Macha, la ville fondée par Macha Mong Ruad, où Macha la femme de Crunn a maudit les hommes d’Ulster — une malédiction les conséquences de laquelle Cú Chulainn va atténuer lors de la Razzia en combattant,Cú Chulainn est le seul guerrier d’Ulster qui n’est pas affligé de la malédiction. On discute la raison pourquoi : c’est peut-être parce qu’il n’est pas homme mais demi-dieu (étant le fils de Lug Lamfada) ou garçon (sa barbe n’a pas encore poussé), ou que son identité de genre est non-binaire, ou qu’il est né en dehors de l’Ulster... bien souvent, dans le char que traîne le Liath Macha. Le jour de la mort de Cú Chulainn, le Liath Macha semble pressentir la tragédie ; il pleure devant Cú Chulainn, il refuse d’abord que l’aurige le joigne au char. Quand Cú Chulainn meurt, le cheval gris protège le corps du héros en menant seul la charge contre l’ennemi. Après la bataille, le Liath Macha disparaît dans un lac de Slíab Fuait.Aided Con Culainn (traduction en anglais). En somme, ces récits placent Cú Chulainn au centre d’un tissu d’associations mythologiques qui le relient inextricablement à Macha. Or Macha est, rappelons-nous, une personne de la triade qui s’appelle la Morrígan (“grande reine” comme Rhiannon et Epona Regina), et la Morrígan elle-même rencontre Cú Chulainn plusieurs fois dans le Táin Bó Cuailgne. Elle essaie de le séduire, elle le combat, elle l’égare, elle prophétise sa victoire sur les forces de Connacht en chantant...Táin Bó Cuailgne. Traduction en anglais de Ciaran Carson (2008), Penguin Classics, ISBN 978-0-140-45530-4, pp. 92–96, 197. puis après sa mort, elle se transforme en corbeau pour veiller sur son corps.Aided Con Culainn (traduction en anglais).

Thèmes communs

On remarquera la coïncidence de plusieurs thèmes de la mythologie de Macha et de Rhiannon : l’accouchement difficile de gémeaux dans des milieux propres aux chevaux ; l’avènement inattendu d’une fée ou d’une femme surnaturelle parmi les mortel·le·s ; les mauvaises conséquences pour les hommes de ne pas avoir respecté la dignité de la femme... Ajoutons à cela les étroites connections avec la puissance royale et les allusions constantes aux équidés : l’équitation, la naissance de poulains, le joug d’un âne, la course, etc. Elles président toutes les deux sur le destin d’un héros (soit Pryderi soit Cú Chulainn) dès sa naissance, jumelée à celle d’un ou plusieurs poulains : on ne peut pas constater ce dernier thème chez Épona, mais cela peut être dû à la disparition du gros de la mythologie gauloise. Or ses liens récurrents avec Hercule nous permettent d’imaginer quelques parallèles...

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Conclusions

Si Épona est avant tout la déesse qui s’occupe des chevaux, des ânes, des mulets et des personnes qui ont affaire avec ces animaux, ce rôle le mène à assumer d’autres responsabilités. L’équitation est une activité de prestige, prisée par les nobles et les rois. L’évidence épigraphique aussi bien que le contexte indo-européen nous conduit à concevoir un rôle particulier pour Épona dans le pouvoir royal et le renouvellement de la souveraineté sur la terre. Mais Épona s’occupe également de la sort des plus humbles ; elle assure la fécondité de la terre pour le bien-être de tout le monde. Au moment du décès, c’est peut-être elle qui mène l’âme du défunt dans l’Au-delà.

Épona a donc su étendre son rôle dans des domaines annexés aux siens. Cela nous autorise de la considérer comme patronne des machines qu’on a souvent substituées aux chevaux (trains, voitures, motocyclettes, etc.). On peut également repenser le rôle d’Épona dans un contexte politique où on investit souvent les républiques démocratiques de la souveraineté de la terre.


Références

English (Shakespeare)
English please!
Deutsch (Goethe)
Auf deutsch, bitte!
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